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De la pensée à l’action – le vrai moteur du changement

Dernière mise à jour : 2 déc.

Nous sommes nombreux à croire que le changement commence dans la tête. « Quand je penserai différemment, je ferai différemment. » « Quand j’aurai réglé mes peurs, je passerai enfin à l’action. » « Quand j’aurai plus confiance, je me lancerai. ». Ces phrases, que l’on entend souvent en thérapie, traduisent une idée profondément ancrée : il faudrait d’abord transformer notre manière de penser avant de pouvoir changer nos comportements.


Réflexion

Or, dans la pratique thérapeutique, dans l’expérience humaine et même dans la recherche psychologique, une autre réalité se révèle : ce sont souvent nos actions qui transforment nos pensées, et non l’inverse. Le véritable moteur du changement, celui qui nous permet de sortir de nos blocages et de construire une vie plus alignée avec nos besoins, c’est l’action — même petite, même imparfaite.


Dans ce billet, nous explorons ce passage essentiel de la pensée à l’action : pourquoi il est si difficile à réaliser, comment nos mécanismes internes freinent l’élan, et surtout comment chaque personne peut apprendre à faire le premier pas vers un changement durable.



Les souris d'Henri Laborit

J’aimerais tout d’abord montrer l’importance de l’action en revenant sur une expérience célèbre d’Henri Laborit, biologiste et neurophysiologiste français reconnu pour ses travaux pionniers sur le stress, aujourd’hui décédé.


L’expérience consiste à émettre un signal sonore suivi, après quelque temps, d’un choc électrique induit dans la cage d’une souris. Le choc électrique, bien qu’extrêmement déplaisant, n’a pas de réelle conséquence sur la santé de la souris. Cependant, celle-ci associe rapidement le signal à l’arrivée prochaine du choc, ce qui la met en état de stress élevé, dans l’attente d’un évènement déplaisant sur lequel elle n’a aucun contrôle. Après quelque temps, les souris soumises à ce traitement développent des complications et tombent malades. Dans une variante de l’expérience, une porte est ouverte dans la cage, permettant à la souris de se réfugier dans un endroit où aucun choc ne se produit. Les soumis bénéficiant de cette option ne développent aucune pathologie liée au stress. Plus intéressant encore, une autre variante consiste à placer deux souris ensemble, sans possibilité de fuite. Dès l’émission du signal, les souris se battent entre elles jusqu’à l’arrivée du choc électrique, après quoi elles se calment et vaquent à leurs occupations habituelles. Ici encore, les souris ne développent aucune pathologie particulière, ayant pu libérer le stress par la voie de la lutte.


Cette expérience, sans doute cruelle, a démontré de façon spectaculaire l’impact du stress sur la santé, et l’importance de la réponse à ce stress, selon les trois options que sont la fuite, la lutte ou la stagnation impuissante. Elle en dit beaucoup sur l’importance de l’action dans nos vies.

 

Penser n'est pas changer

Même sans subir de stress majeur ou de menace imminente, les petites insatisfactions de nos vies nous grugent trop souvent de l’intérieur et conduisent à l’épuisement, avec des conséquences sur notre santé mentale et physique. Face à ces défis, des réponses statiques comme la rumination, l’analyse sans fin, l’attente indéfinie d’une opportunité meilleure ou l’espoir d’un événement qui viendra tout changer, s’avèrent inefficaces.


Penser, analyser, anticiper… La pensée est un outil précieux. Elle nous aide à comprendre nos besoins, nos motivations ou nos peurs. C’est une étape importante dans tout processus thérapeutique. Mais la pensée, à elle seule, ne modifie ni nos habitudes ni notre quotidien. Elle peut même devenir une prison lorsqu’elle se transforme en rumination : on cogite, encore et encore, sans rien changer.


Ce phénomène est courant :

  • On lit sur le mieux-être, sans appliquer les conseils.

  • On réfléchit à poser des limites, mais on continue de dire oui à tout.

  • On veut prendre soin de soi, mais on remet à demain les gestes qui nous feraient du bien.


La pensée donne l’impression d’avancer, mais elle ne nous met pas en mouvement.


Pourquoi est-il si difficile de passer à l'action?

Dire que l’action est le moteur du changement est simple. La mettre en pratique l’est beaucoup moins. Trois raisons fréquentes expliquent la difficulté à agir.



Besoin de sécurité
Le cerveau privilégie la sécurité, pas le changement

Le cerveau humain cherche d’abord à nous protéger. Il aime l’habitude, le connu, ce qui minimise les risques. Chaque nouveauté — même positive — peut être perçue comme une menace : « Et si je me trompe ? Et si on me juge ? » Résultat : nous choisissons souvent le familier, même s’il nous fait souffrir, plutôt que l’inconnu qui pourrait nous libérer.



l'illusion du temps
L'illusion du bon moment

Beaucoup attendent le courage, la clarté, la motivation, ou le jour où « ça ira mieux ». Mais le bon moment n’arrive pas tout seul. La confiance ne précède pas l’action : elle en est le résultat. C’est en agissant que la motivation et le courage se construisent.




peur de l'imperfection
La peur de l'imperfection

Nous croyons qu’il faut agir parfaitement, sans erreur. Cette pression nous paralyse. Pourtant, le changement se construit à travers l’essai-erreur. Avancer maladroitement fait partie du processus et révèle souvent des capacités insoupçonnées.




L'action, même minuscule, se transforme

Chaque geste concret — aussi petit soit-il — envoie un message puissant à notre cerveau : « Je suis capable de changer. ». C’est ce message qui enclenche un cercle vertueux.


L’action :
  • remplace l’anticipation anxieuse par une expérience réelle,

  • génère de nouvelles émotions (fierté, satisfaction, courage),

  • modifie la façon dont on se perçoit,

  • renforce la confiance en soi.


La personne qui souhaite mieux s’affirmer découvre l’affirmation en s’affirmant une première fois. Celle qui veut prendre soin d’elle commence par un micro-geste. Celle qui veut transformer un schéma répété pose un premier choix différent.


Le changement se construit dans le concret, pas dans l’idée du changement.


Comment passer de la pensée à l'action?

Voici quelques pistes simples, inspirées de la relation d’aide, pour soutenir la mise en mouvement.


1. Choisir une action petite

Au lieu de viser grand, viser réalisable.

  • Dire non une fois cette semaine.

  • Prendre 5 minutes pour soi.

  • Ranger un coin de la pièce.


Les petites actions contournent la peur et déjouent la paralysie.


2. Nommer l’intention derrière l’action

L’action porte un sens :

  • « Je marche pour prendre soin de moi. »

  • « J’envoie ce message pour créer un lien plus authentique. »

  • « Je pose cette limite pour me respecter. »


L’intention relie le geste à la personne que l’on souhaite devenir.


3. S’autoriser l’imperfection

Une action imparfaite est plus transformatrice qu’une longue réflexion parfaite. L’objectif n’est pas la performance, mais l’expérimentation.

Passer à l'action, avancer.

4. Se donner un espace de douceur

Le passage à l’action peut faire émerger peur, doute ou honte. Un accompagnement thérapeutique peut offrir un lieu sécurisant pour explorer ces réactions et consolider les nouvelles habitudes.


5. Reconnaître ses victoires

Les progrès, même petits, méritent d’être célébrés. Reconnaître ses pas renforce l’estime de soi et nourrit l’élan.


Et si le vrai changement était déjà en vous ?

Nous n’avons pas besoin d’être « réparés » pour avancer. Le changement ne demande pas de devenir quelqu’un d’autre, mais d’oser poser un geste qui reflète déjà ce que nous portons : un désir d’authenticité, de respect de soi, de mieux-être.


La pensée éclaire le chemin, mais l’action ouvre la route. Ce premier pas — même hésitant — est souvent plus puissant que des mois d’analyse. Chaque mouvement, même infime, devient la preuve que le changement est possible, réel et accessible… dès aujourd’hui.


Si vous souhaitez explorer ce passage de la pensée à l’action dans un espace accueillant et soutenant, la relation d’aide peut vous accompagner à votre rythme, dans la bienveillance et sans pression. Ensemble, nous pouvons transformer les intentions en gestes concrets qui changent réellement la vie.




Christian Lefebvre, Thérapeute en relation d'aide

Besoin d'aide pour faire le premier pas ?

Vous n'avez pas besoin d'être "réparé" pour avancer. Si vous souhaitez explorer ce passage de la pensée à l'action dans un espace sécurisant, je suis là pour vous accompagner.






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